Village de Nianiane (47) © PaixActive.org | ||||||||||||||||
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DossiersLes activités de l'ASBL ont comme toile de fond une réflexion importante à propos d'un grand nombre de problèmes touchant la région de Niakhar. Ces dossiers poursuivent deux buts:
L'exode ruralComment cela se passe-t-il ?Fatma Faye (photo ci-contre) est la Présidente d'un groupement de femmes appelé Ndial Ndieg (ce qui veut dire "semer et récolter les fruits"). Les objectifs sont de réunir les femmes et d'endiguer l'exode rural. Niakhar est un village de près de 10.000 habitants duquel, chaque année, une centaine de filles partent pour aller "chercher fortune" à Dakar. Fatma nous explique le périple de ces filles. Elles quittent le village parce qu'elles n'y trouvent pas de travail et veulent se faire engager comme "bonnes" à Dakar de façon à pouvoir aider leur famille. Généralement, elles quittent l'école très tôt pour cela. Les filles essaient de se faire engager dans une famille comme aides ménagères. Parfois elles sont engagées à l'essai 3 mois sans être payées et sont ensuite accusées de vol ou d'autres méfaits. Ceci permet de les renvoyer sans leur verser aucun salaire. Pendant cette période, elle doivent se loger dans la banlieue. Le logement étant cher, les jeunes s'entassent jusqu'à 10 par chambre afin de partager le loyer. Lorsqu'elles accouchent, elles sont obligées de revenir au village car les employeurs n'acceptent pas les enfants. Dès que l'enfant est sevré, les filles retournent à Dakar en laissant leur enfant à leur grand-mère. Il faut envoyer alors de l'argent de façon à subvenir aux besoins de cet enfant. Celui-ci est généralement sevré trop tôt, ce qui le fragilise au niveau de sa santé, ce qui engendre des frais supplémentaires de médecins et de médicaments. Le taux de mortalité est très important. Le processus se répète chaque fois qu'un nouvel enfant est attendu, provoquant un besoin d'argent toujours supérieur. A l'âge de 40 ans, ces femmes n'ont pas de mari, elles ne peuvent plus travailler comme domestiques et elles n'ont pas de fonds pour se lancer dans le commerce. De plus, leur réinsertion sociale dans le village est devenue impossible. Elles sont obligées de rester à Dakar et tombent généralement dans la prostitution. L'exode rural touche aussi les garçons. [ Liste des dossiers ] Les latrinesSystème hygiénique intégréSi manger et boire sont des besoins essentiels, il est un autre "besoin" dont on parle peu mais qui n'en est pas moins très important et qui doit requérir toute l'attention des acteurs du développement. C'est ce qu'essaie de montrer ce dossier. Les excréments humains peuvent être responsables de la pérennité de problèmes de santé dans une région, et ceci selon deux voies :
Ceci n'envisage que le problème purement médical. Il est un autre aspect, tout aussi important, si pas plus, pour les populations locales, c'est l'aspect social. Ces gens sont extrêmement prudes. Et plus ils avancent en âge, plus ce souci prend de l'importance. Ce problème devient vraiment catastrophique quand une personne est "surprise" par un membre de sa famille. Quand cela intervient entre un beau-père et sa belle-fille par exemple, cela devient un véritable sacrilège nécessitant l'intervention d'un marabout. Il est donc essentiel de bien se sentir à l'abri. En saison humide, la nature est luxuriante, permettant aux personnes de pouvoir satisfaire leurs besoins dans les environs immédiats du village, avec tous les inconvénients qu'on imagine au niveau des odeurs, sans compter le souci de la personne qui doit cultiver son champ. En saison sèche, la nature se raréfie ce qui nécessite parfois de faire plusieurs km à pied pour trouver un endroit adéquat ... qui est souvent un des rares qui existent dans la région, ce qui ne résoud pas tous les problèmes. Lorsque nous recevons un hôte, notre premier souci est de lui demander s'il n'a pas soif. Dans certaines régions, le premier souci est de demander si le visiteur n'a pas un "besoin" à satisfaire. La seule ressource, si la réponse est positive, est de lui montrer la Nature et de lui dire qu'elle est à sa disposition. On comprend le souci d'un chef de village recevant un visiteur de marque. Si nous ajoutons à cela qu'en cours d'opération, il est interdit de parler (pour éloigner un passant par exemple) et que certaines directions sont inappropriées, nous prendrons la mesure du souci que cet aspect peut poser dans des ensembles de plusieurs centaines de personnes. Des latrines sèches ventiléesCe Docteur Ben Vanhercke professe en Afrique depuis plus de 20 ans. Il a pris conscience du problème posé et a recherché une solution "idéale". Avec l'aide de son fils Jacques, il a mis au point une latrine ventilée répondant simultanément aux différents aspects du problème :
Un "système" hygiénique intégréLe Docteur et son fils ne se sont pas limités à cela. D'autres inventions ont été faites afin de permettre une maîtrise totale de l'hygiène, et ceci avec une consommation d'eau minimale. Il s'agit :
Pour différentes raisons, le Docteur préconise de séparer de plusieurs mètres les douches des latrines. Un système d'égouttage et de purification biologique des eaux usées (à l'aide de plantes) va peut-être être envisagé. [ Liste des dossiers ] Le maraîchageCentre d'accueil à l'école secondaireDans la région de Niakhar, les analyses de terrain ont montré un sol trop sablonneux et pauvre en humus et en éléments chimiques de base (Azote, Phosphore et Potasse). Ceci confère au sol des qualités de légèreté et de ressuiement, mais il est peu apte à nourrir les plantes qui y pousseront. Le moyen le plus simple et le plus naturel de combattre ces carences est de lui founir du compost. Les déchets décomposés lui fourniront les substances organiques nécessaires (humus) et seront à même de restaurer la structure grumeleuse permettant d'obtenir un sol aéré retenant mieux l'eau et les substances minérales. La microfaune si importante à la restauration de la structure y trouvera les substances nécessaires à son développement. De plus, les substances organiques seront à même de retenir phospore et potasse en évitant leur lessivage. Les substances azotées se transformant petit à petit alimenteront les racines au fur et à mesure de leur besoin sans être entraînées vers la nappe phréatique. Le compost sera aussi apte à restituer au sol les oligo-éléments nécessaires à la bonne croissance des plantes. Tous ces effets ne pourraient être fournis par une fumure chimique. Dans l'intérêt des populations et de la nature, ce type de fumure sera d'ailleurs évité. Dans le même ordre d'idées, des luttes naturelles contre les maladies et les prédateurs sont envisagées. Tous ces bons principes sont bien difficiles à faire valoir dans un environnement où la majorité des "spécialistes" préconisent pesticides, herbicides et fumures chimiques. Il faut se rendre compte que les enjeux sont énormes. J'estime qu'en Europe et en Amérique du Nord, la "grande production" n'est plus à même de fournir une alimentation de qualité à la population. Nous allons vers un désastre au niveau de la santé publique si des mesures importantes ne sont pas prises rapidement dans le sens d'en revenir à une agriculture et un élevage plus sains. Heureusement (en Afrique, tout s'arrange toujours) je me suis trouvé à Dakar alors que s'y tenait le salon de l'agriculture. A côté de firmes européennes qui expliquaient comment élever trois poules dans l'équivalent de deux boîtes à chaussures, démonstration à l'appui, se trouvaient deux stands sénégalais de maraîchage biologique. En voici les coordonnées, diffusez-les autour de vous afin que les habitants du Sénégal puissent continuer à vivre, eux, en bonne santé.
[ Liste des dossiers ] Les moulins à milRécolte du mil : les épis sont ramenés au village. Le grain de mil est minuscule, et donc difficile à moudre. Tant à Nianiane qu'à Niakhar, ce n'est pas le chant du coq qui réveille les habitants, mais les chocs des pilons dans les mortiers à mil. Dès 4 heures du matin, en pleine nuit noire, le travail des femmes commence afin de piler le mil nécessaire aux repas de la journée. Cette activité mobilise un temps et une énergie énormes qui seraient bien utiles pour d'autres tâches. L'installation d'un moulin à mil permettrait aux femmes de s'occuper d'activités plus "rentables" :
Le projet d'un moulin à mil déborde donc amplement le simple fait de moudre du grain. Beaucoup de villages n'étant pas électrifiés, il est nécessaire d'acheter un moulin à essence ou à gazoil. Ce type de moulin a de nombreux désavantages:
Tout ceci nous a poussé à rechercher des moulins à mil écologiques, à énergie musculaire, à un point tel que de vieux moulins à café furent ressortis des armoires et démontés afin de voir comment ils étaient faits et si ce principe était applicable à la fine graine de mil. Heureusement, un échange productif avec mon collègue Jean-Pierre Lubukayi m'a permis de prendre contact avec un distributeur belge de moulin à mil manuels de fabrication française. Un moulin à mil de la marque "Renson" a été commandé et expédié à Nianiane. Les résultats de cette expérience sont communiqués ci-dessous. Voici les caractéristiques de ce moulin à céréales:
Le moulin fut testé avec du mil et du maïs. L'intérêt des villageois se portait essentiellement sur le mil car c'est le pilage de ce grain qui leur prend le plus de temps et d'énergie. Malheureusement, malgré des essais répétés dans diverses conditions, nous avons eu quatre problèmes:
1. Finesse de la farineNous avons naturellement utilisé la vis de serrage afin d'obtenir la farine la plus fine possible, au point d'en arriver à devoir tourner la manivelle à trois pour pouvoir moudre, mais nous ne sommes jamais arrivé à obtenir une farine vraiment finement moulue, même avec du grain le plus sec possible (laissé une journée complète au soleil). Lorsque ceci fut signalé au vendeur, celui-ci a argumenté qu'une farine fine ne pouvait être obtenue qu'avec une version motorisée. Mise à part la différence de débit, la fiche technique ne mentionne aucune différence de qualité de mouture entre la version manuelle et les versions motorisées. 2. Céréales humidesLa fiche technique signalant la possibilité d'utiliser des céréales humides, nous avons pensé à faire "ramollir" le grain en le trempant quelque temps dans l'eau. Ceci colmata rapidement les enfractuosités des deux meules et fournit des "spaghetti", de petits tubes de farine très dure. Spaghettis de mil. Il fallut plusieurs heures pour décolmater les meules avec une pointe métallique. 3. Résidus trop importantsLorsque plus aucune farine ne sort du moulin et qu'on ouvre celui-ci, on constate qu'une quantité importante de grain et de farine restent à l'intérieur du moulin. L'ouverture du moulin devrait permettre de récupérer cette matière mais le problème est qu'à l'ouverture, la farine ET les grains tombent du moulin et se mélangent dans le récipient. Les résidus qui restent dans le moulin après usage sont trop importants. Ceci n'est pas du goût des villageois. Pourquoi la busette de sortie de la farine n'est-elle pas placée directement dans la partie la plus basse du réceptacle à farine? Pourquoi la partie inférieure de la busette d'admission du grain n'est-elle pas inclinée de façon à épouser la partie inférieure de la vis qui pousse le grain vers la meule? Ces deux éléments auraient pour effets de réduire fortement le grain et la farine qui resteraient dans le moulin après usage. 4. Changement des meulesLors du changement de la meule fixe, des villageois ont serré les 3 boulons de la meule fixe "bien à fond", ce qui a eu pour effet de casser cette meule en trois morceaux. Le mode d'emploi devrait signaler clairement qu'il faut serrer ces trois boulons avec modération. Nous avons essayé à plusieurs reprises de changer la meule mobile en désserant le boulon approprié, le seul figurant sur cet arbre, mais celui-ci est trop long par rapport à l'espace disponible pour son dégagement. Manque de place pour désserrer le seul boulon de changement de la meule mobile. Lorsque le boulon est désserré à fond en fonction de l'espace disponible entre l'arbre et la meule, la pointe du boulon est toujours dans l'arbre, ce qui empêche d'extraire le plateau portant la meule mobile. Il est donc essentiel de placer à cet endroit un boulon plus court. Le vendeur prétend qu'il y a deux boulons sur cet axe alors que ce n'est pas le cas, les photos l'attestent! D'où vient l'erreur? Conclusions sur le moulin à mil manuel "Renson"Notre ASBL est assez dépitée d'avoir dépensé tout cet argent et ces efforts, d'avoir rempli la part de son contrat, pour se retrouver avec un moulin mal conçu et inutilisable. Nous avons contacté le vendeur à plusieurs reprises en demandant qu'il informe le fabricant de nos constatations. Jusqu'à présent, rien de concret n'en est ressorti. A suivre ...
Il existe, dans le même ordre d'idées, de petits moulins manuels pour d'autres usages. Voici le détail de la pub:
Un moulin de ce type a également été acheté afin de tester son efficacité sur la réalisation de pâte d'arachide à Nianiane. Les résultats ont été les suivants:
[ Liste des dossiers ] Les moustiquairesCertains moustiques (les anophèles) sont les vecteurs du paludisme ou malaria (synonymes). Ils transmettent par leurs glandes salivaires un organisme unicellulaire (protozoaire) appelé plasmodium (4 espèces différentes, le plus dangereux étant le Plasmodium falciparum). Après un séjour dans le foie, le plasmodium infecte un globule rouge où il se reproduit, provoquant l'éclactement de celui-ci. Les plasmodia ainsi libérés réinfectent d'autres globules. Après un certain temps, les éclatements sont tellement importants que des fièvres paludiques apparaissent. Les déchets de globules finissent par obstruer les capillaires du cerveau, des reins,... provoquant la mort de la personne infectée. Le moustique qui pique une personne infectée ingère des globules rouges porteurs du plasmodium. Celui-ci vient infecter la salive que le moustique injecte dans la peau pour anesthésier la zone de piqûre et fluidifier le sang ingéré. La personne piquée est alors infectée. Les moustiques deviennent de plus en plus dangereux au fur et à mesure que la saison des pluies avance, et ceci par le fait que le nombre de personnes infectées par la malaria augmente. En effet, plus le nombre de personnes infectées dans un village augmente, plus le risque qu'un moustique pique d'abord une personne infectée puis une personne saine augmente. A ce niveau, je me demande si les gens sont suffisamment informés du processus de transmission de la maladie. Quand le moustique éclot, il est sain. La personne ayant la malaria est un foyer d'infection pour son entourage. Ces personnes devraient particulièrement se mettre à l'abri des piqûres afin de ne pas infecter les moustiques qui iront piquer ensuite les personnes saines dans l'environnement proche. Si, comme c'est souvent le cas, les moustiquaires viennent à manquer, elles devraient être assignées en priorité aux personnes infectées et non aux personnes les plus âgées comme c'est l'usage, et ceci afin d'éviter que les moustiques de la zone s'infectent. Lors d'un prochain séjour, je me renseignerai à ce sujet. Imprégnation or not imprégnation? That's the question! En ce qui me concerne, mais ceci n'engage que moi et il faudra que je me renseigne plus avant sur ce sujet, je me demande si l'imprégnation est une bonne chose, et ceci pour deux raisons. Le produit utilisé est un répulsif toxique. Je me sentirais mal de respirer cette substance 8 heures par jour. D'autre part, ce concept de lutte chimique nous fait entrer dans la spirale "je te repousse avec un produit chimique auquel tu t'adapteras mais j'en trouverai un plus puissant demain". Cette spirale n'apparaît pas lorsqu'on s'en tient à des systèmes purement physiques, telle la barrière assurée par une toile de tulle (à condition qu'elle soit bien utilisée, ce qui n'est pas nécessairement le cas). [ Liste des dossiers ] La scolarisationLe système scolaire sénégalais est semblable au système français: Les écoles primaires sont relativement bien réparties sur le territoire et les villages ne sont généralement pas éloignés de plus de 2 à 3 km de l'école primaire la plus proche. Cela permet aux petits élèves de parcourir cette distance à pied le matin pour aller à l'école et le soir pour rentrer chez eux. Les Collèges et Lycées sont nettement moins abondants. Au niveau de la communauté rurale, seul Niakhar en est doté. Par rapport à un village comme Nianiane, cela pose un problème du fait que le village se trouve à 7 km du Collège et du Lycée. Il est donc impossible qu'un élève de Nianiane poursuive des études secondaires à Niakhar à moins de prendre une pension chez un particulier, ce qui est trop cher pour la grande majorité de la population. La conséquence en est que la plupart des élèves des villages trop éloignés arrêtent leurs études après l'école primaire, cette sélection se réalisant essentiellement sur des bases financières. Un autre problème est que les élèves des villages proches venant à pied au Lycée sont voués à eux-mêmes durant la pause de midi (de 12 à 15 heures). Ils errent dans les rues du village sans pouvoir se restaurer ni se reposer. On imagine aisément dans quelles conditions ils reprennent les cours de l'après-midi. Ceci nous a amené à tenter un projet pilote axé sur deux idées: Le moyen de transport devra toutefois être adapté aux conditions locales: C'est pour cette raison que nous pensons que le moyen de transport traditionnel, la charette tirée par un âne ou un cheval, conduite par un grand élève est la plus judicieuse. Les frais de nourriture de l'animal pourraient être pris en charge par les parents des élèves profitant de ce service. Un suivi sera assuré. Les résultats seront communiqués au Ministère de l'Education Nationale qui suit cette expérience avec intérêt. A suivre. [ Liste des dossiers ] |